L’économie sociale au Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2005

INTRODUCTION

Une décennie après le Sommet sur l’économie et l’emploi organisé par le gouvernement du Québec, la reconnaissance de l’économie sociale est de plus en plus forte dans les diverses sphères de la société. Toute une série d’entreprises se sont mises à l’œuvre afin de contribuer au développement social, économique et territorial au sein des localités et des régions. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, celles-ci se sont implantées au cœur des centres urbains ou sur le territoire des municipalités rurales, là où les communautés avaient identifié des besoins qui ne pouvaient être comblés qui par des entreprises vouées à servir ses membres ou l’ensemble de la population.

Cependant, il n’existe pas, à notre connaissance, de portrait régional qui illustre la répartition spatiale et l’impact socio-économique des entreprises qui oeuvrent dans le champ de l’économie sociale. À la lumière de l’inventaire réalisée dans le cadre de cette enquête, il devient donc utile et pertinent de se demander s’il existe des concentrations d’entreprises ou si celles-ci sont dispersées de manière aléatoire à la grandeur de la région étudiée ? De plus, existe-t-il une différence entre les centres urbains et les municipalités rurales quant aux types d’entreprises qui s’y installent et à leur taille? Par ailleurs, combien y a-t-il d’entreprises qui oeuvrent dans le domaine de l’économie sociale au Saguenay–Lac-Saint-Jean ? Finalement, qui sont les plus gros employeurs et quels sont les chiffres d’affaires ? Autant de questions auxquelles tentera de répondre cette recherche appliquée.

En 1998, l’équipe de l’atlas électronique du Saguenay–Lac-Saint-Jean a produit quatre cartes qui décrivent l’état de l’économie sociale au Saguenay–Lac-Saint-Jean à cette époque. Ces cartes résultent d’une étude distincte de la présente démarche. Les cartes réalisées en 1998 sont toujours disponibles sur le site de l’Atlas, néanmoins, elles affichent une image synthèse de la situation qui prévalait en 1998.   

OBJECTIFS DE L’ÉTUDE

Ce projet vise à faire connaître les entreprises d’économie sociale et leur importance en matière de développement et d’emploi dans la région administrative du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il s’agit donc de faire ressortir le rôle et le poids des entreprises d’économie sociale à l’intérieur du portrait socio-économique régional.

ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

Sources des données

La provenance des données est multiple. Tout d’abord, en ce qui concerne les données sur les centres de la petite enfance (CPE), les données proviennent :

-           de la liste des CPE membres du regroupement des CPE du Saguenay–Lac-Saint-Jean ( nom, adresse, téléphone, télécopieur, nombre de places en installation, nombre de places en milieu familial, syndicalisation)   ;  

-           du registre des entreprises du Québec (forme juridique, classe d’employés, date de constitution, type d’activité, code scian ) ;

-           de la liste industrie et commerce (LIC) de Développement des ressources humaines Canada en collaboration avec les CLD et Emploi Québec (nombre d’employés).

Dans le cas des coopératives, cinq sources d’information ont servi à constituer la base de données :

-           le registre des entreprises du Québec (forme juridique, classe d’employés, date de constitution, type d’activité, code du Système de classification des industries de l’Amérique du Nord de 2002 (SCIAN) ;

-           la liste des coopératives membres de la Coopérative de développement régionale (nom, adresse, téléphone, télécopieur, courrier électronique, code de type);

-           le Mouvement des caisses populaires et d’économie Desjardins (nom, adresse, téléphone, télécopieur, nombre d’employés) ;

-           le Centre de recherche industriel du Québec (nombre d’employée, chiffre d’affaires, type de produits, territoire de vente) ;

-           la direction des coopératives du Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (spécialité, code SCIAN et description de l’activité) ;

-           de la liste industrie et commerce (LIC) de Développement des ressources humaines Canada en collaboration avec les CLD et Emploi Québec (nombre d’employés).

De plus, il est bon de préciser que nous n'avons retenu que les coopératives dont le siège social se situe dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Enfin, en ce qui concerne les entreprises issues du mouvement communautaire et associatif, les informations nous ont été fournies par les listes suivantes :

-           le registre des entreprises du Québec (forme juridique, classe d’employés, date de constitution, type d’activité, code SCIAN) ;

-           de la liste industrie et commerce (LIC) de Développement des ressources humaines Canada en collaboration avec les CLD et Emploi Québec (nom, adresse, téléphone, télécopieur, nombre d’employés) ;

-           de listes préparées par chacun des CLD de la région qui portent spécifiquement sur d’entreprises ciblées comme faisant partie de l’économie sociale ;

-           d’une liste partielle compilée par le Chantier sur l’économie sociale.

Selon les informations fournies par les diverses listes et bases de données consultées, nous connaissons pour l’ensemble des entreprises le secteur d’activités économiques dans lequel elles opèrent. Ainsi, il est possible de classer chaque entreprise selon les trois grands secteurs économiques généralement catégorisés (primaire, secondaire et tertiaire).  

En ce qui concerne le nombre d’employés, nous avons pu obtenir l’information pour 356 des 416 entreprises, ce qui représente tout de même un échantillon important (85 %). Cependant, il nous est seulement possible de classer 397 entreprises selon trois grandes catégories généralement admises qui permettent de distinguer les petites, les moyennes et les grandes entreprises. D’autre part, nos données sur l’emploi nous autorisent à estimer l’importance de l’économie sociale par rapport à l’emploi total dans la région.

Ces données nous habilitent également à faire une étude sur la longévité des entreprises à l’exception de 9 d’entre elles dont la date de constitution nous est inconnue. Cependant, quelques entreprises ont une date de constitution plus ancienne que celle indiquée dans notre base de données. C’est le cas pour une vingtaine d’entre elles qui sont le résultat d’une fusion récente suite à une restructuration d’un nombre d’établissements comme cela a été le cas ces dernières années chez Desjardins ou les coopératives forestières. En outre, quelques 23 entreprises sont répertoriées dans la base de données du CRIQ. Ces entreprises y mentionnent les territoires qu’elles desservent, la tranche de chiffre d’affaires et la liste des produits ou services offerts.

En dernier lieu, nous n’avons pu obtenir des données sur les chiffres d’affaires pour l’ensemble des entreprises. Seul les entreprises qui sont répertoriées dans la base de données du CRIQ déclarent dans quelle tranche de chiffre d’affaires elles se situent. Pour ce qui est des caisses populaires et d’économie Desjardins, nous avons obtenu une synthèse des résultats financiers régionaux pour l’année 2005. En ce qui a trait aux coopératives, nous possédons le rapport annuel de la Direction des coopératives qui présente les statistiques sur les entreprises coopératives du Québec dont celles de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il en va de même pour les centres de la petite enfance où nous utiliserons des données issues de résultats valables pour l’ensemble des CPE de la région. Ces résultats nous ont été fournis par la Direction du financement du réseau du ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine.

Traitement cartographique des données

En tout, 17 cartes illustrent une bonne partie des données sur les entreprises d’économie sociale. De ce nombre, six cartes combinent la représentation à l’aide de cercles de taille proportionnel et une subdivision selon la proportion d’un nombre d’entreprises par catégorie. Nous avons produit cinq cartes avec uniquement de cercles de taille proportionnelle. De plus, deux cartes ont été réalisées selon la méthode de l’analyse centrographique . Enfin, une carte est faite selon la représentation par plages de couleur graduées selon la fréquence des types d’entreprises par municipalité.

En ce qui concerne les cartes faites selon l’analyse centrographique , certains éléments particuliers doivent être pris en considération afin de bien interpréter le message donné par ces cartes. Dans le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean, les ellipses indiquent le sens et l’étendue de la dispersion des entreprises sur le territoire régional en tenant compte, par exemple, du nombre d’entreprises. Les ellipses entourent le centre de gravité. La plus petite correspond à une aire définie par la distance type sur chacun des axes à partir du centre de gravité. Elle s’identifie à la notion de dispersion géographique. Si l’on fait référence aux probabilités, on devrait y retrouver 68,26 % des entreprises. La deuxième ellipse, qui représente deux fois la distance type, engloberait 95,44 % de toutes les entreprises, alors que la troisième ellipse, la plus grande, en contiendrait 99,73 %. Théoriquement, la quasi-totalité des entreprises devrait se trouver à l’intérieur de cette dernière ellipse.

De manière pratique, rappelons que des commentaires accompagnent les cartes informatisées. Ceux-ci fournissent des informations sur les groupes et les sous-groupes d’activités représentés à l’intérieur de chaque carte. Ils indiquent le nombre d’entreprises et le nombre total d’emplois ainsi que leur part dans l’ensemble de la région. Également, on y trouve un classement par la taille de chacune des entreprises. Les textes essaient, dans la mesure du possible, de mettre l’information dans son contexte économique régional (ou national ou international). Ils fournissent aussi des indications sur la forme de la répartition spatiale dans le territoire: concentration, diffusion, patrons, alignements, etc.

QUELQUES RÉSULTATS

Les coopératives

Sur le plan des retombées économiques, l’ensemble des coopératives représente un élément non négligeable de la vitalité du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Parmi les coopératives, Desjardins est de loin l’entreprise qui a le plus grand impact économique régional. En effet, en 2005, Desjardins déclarait un actif de 3 052 879 498,68$, des excédents (trop-perçus) après impôts de 37 734 080,04$, des dons et des commandites de 1 764 342,56$, des ristournes de 13 770 000,00$ à ses 214 533 membres et enfin une masse salariale de   45 691 253,21$ répartie entre ses 1 102 employés. [1]En ce qui concerne la seule mutuelle d’assurances qui a son siège sociale dans la   région, celle-ci compte sur 20 000 membres assurés qui déboursent 20 millions de dollars en primes souscrites. Enfin, Promutuel du Lac au Fjord a versé 15 millions de dollars en indemnités à ses membres assurés. [2]

Pour ce qui est des coopératives non financières, les statistiques sont basées sur celles (164) qui ont fourni leur rapport annuel de 2004. Ces coopératives ont déclarés des actifs de 234 435 820,00$ et des trop-perçus de 9 596 026,00$. Elles comptaient 62 417 membres et procuraient du travail à 2 890 personnes. [3]

Les centres de la petite enfance

Les centres de la petite enfance (CPE) sont des entreprises d'économie sociale privées et autonomes, à but non lucratif, administrées démocratiquement par des parents utilisateurs de services. Constituant le 2/3 de son conseil d'administration, les parents sont au cœur des décisions du CPE. Mentionnons que dans la région, il existe un CPE constitué en coopérative. En 2003-2004, les CPE de la région ont été financés à 84 % (40 629 136,00$) par l'ensemble des contribuables, citoyens et corporations, afin de soutenir collectivement les parents du Québec et permettre aux familles d'accéder à des services de garde éducatifs de qualité à contribution réduite. Pour la même période, la contribution des parents utilisateurs s’élevait à 7 150 835,00$, soit 15 % de l’ensemble des revenus qui totalisaient 48 264 665,00$. [4]

Les revenus totaux des CPE en 2003-2004 ont été retournés en totalité dans l’économie de la région et ou du Québec. Ainsi, la masse salariale atteignait 22 889 289,00$ alors que les dépenses non salariales (entretien, réparation, achat d’équipements, assurances, etc.) s’élevaient à 25 413 219,00$.

En 2003-2004, 2 129 familles utilisaient les services d’une installation alors que 3 266 faisaient appel au milieu familial. [5]Pendant cette même période, 2 996 enfants fréquentaient le CPE de sa localité tandis que 185 utilisaient celui d’une autre localité. [6] Enfin, les installations des CPE de la région accueillaient en moyenne 2 566 enfants de moins de 5 ans 20 enfants d’âge scolaire pendant l’année 2003-2004. Quant au milieu familial, il accueillait en moyenne 3 702 enfants de moins de 5 ans et 44 enfants d’âge scolaire. [7]

RÉFÉRENCES

Documents imprimés

BINHAS, Lynda, (2005), Portrait provincial et régionalisé des besoins en éducatrices-éducateurs et responsables de service de garde en milieu familial et dans les centres de la petite enfance, Montréal, Comité sectoriel de main d’œuvre Économie sociale et action communautaire, 79 pages.

CHANTIER DE L’ÉCONOMIE SOCIALE, (2001), De nouveau, osons…, Document de positionnement stratégique, Montréal, 27 pages.

FAVREAU, Louis, (2005), Les regroupements nationaux d’économie sociale : Essai d’analyse politique, Gatineau, Université du Québec en Outaouais, Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités, Série : Recherche no 36, 37 pages.

GAUTHIER, Majella -J. et autres, (2001), Analyse centrographique des entreprises manufacturières du Saguenay–Lac-Saint-Jean en 1999, Chicoutimi, Université du Québec à Chicoutimi, Atlas électronique du Saguenay–Lac-Saint-Jean, 104 pages.

LEPAGE, Daniel et autres, (2006), Coopératives du Québec, Données statistiques, Édition 2006, Québec, Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, Direction des coopératives, 58 pages.

LAPOINTE, François, (2006), Ventilation des données Saguenay–Lac- Saint-Jean–Charlevoix , Métabetchouan –Lac-à-la-Croix, Vice-présidence Soutien aux développement des affaires, Tableau des données pour l’année 2005.

MINISTÈRE DE LA FAMILLE, DES AÎNÉES ET DE LA CONDITION FÉMININE, (2005), Rapports financiers annuels 2003-2004 des centres de la petite enfance du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Direction du financement du réseau. Deux tableaux.

NEAMTAN, Nancy et autres, (1996), Osons la solidarité, Montréal, Rapport du Groupe de travail sur l’économie sociale, Sans pagination.

SAUCIER, Carol et Nicole THIVIERGE, (2002), Lien social et développement économique : L’économie sociale au Bas-Saint-Laurent, Rimouski, Université du Québec à Rimouski, 25 pages.

TREMBLAY, Françoise et autres (2006), Situation des centres de la petite enfance et des garderies au Québec en 2004, Analyse des rapports d’activités 2003-2004 soumis par les services de garde, Québec, Ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine, 167 pages.

Sites Internet

Chantier de l’économie sociale, www.chantier.qc.ca

Site de l’ARUC Économie sociale, www.aruc-es.ca/

REMERCIEMENTS

Nous remercions l’ARUC (Alliance de recherche université-communauté) en économie sociale et la FUQAC (fondation de l’Université du Québec à Chicoutimi) pour leur support financier lors de la réalisation de cette étude. Nous souhaitons également remercier Pierre Deschênes et Myriam Alonso pour leur contribution à la phase de démarrage de la recherche.

Martin Simard et Carl Brisson, Laboratoire de géographie, Université du Québec à Chicoutimi, décembre 2007.



[1] Lapointe , François, (2006), Ventilation des données Saguenay– Lac-Saint-Jean –Charlevoix, Métabetchouan Lac-à-la-Croix , Vice-présidence Soutien aux développement des affaires, Tableau des données pour l’année 2005.

[2] Tiré du site de Promutuel du Lac au Fjord, www.promutuel.ca/fr/dulacaufjord/index.jsp, dans la section Votre mutuelle.  

[3] Lepage , Daniel et autres, (2006), Coopératives du Québec, Données statistiques, Édition 2006, Québec, Direction générale des communications et des services à la clientèle du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, p. 46.

[4] Ministère de la Famille, des Aînées et de la Condition féminine, Rapports financiers annuels 2003-2004 des centres de la petite enfance du Saguenay– Lac-Saint-Jean , Compilation spéciale des revenus et dépenses, Québec, Direction du financement du réseau. Un tableau.

[5] Tremblay, Françoise et autres (2006), Situation des centres de la petite enfance et des garderies au Québec en 2004, Analyse des rapports d’activités 2003-2004 soumis par les services de garde, Québec, Ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine, p.45

[6] Idem, p.48

[7] Ministère de la Famille, des Aînées et de la Condition féminine, Rapports financiers annuels 2003-2004 des centres de la petite enfance du Saguenay– Lac-Saint-Jean , Compilation spéciale de l’état de l’occupation et des présences réelles, Québec, Direction du financement du réseau. Un tableau.